Les P'tiZZamis de Jazz360
Sylvain Luc a quitté notre monde ce mercredi 13 mars 2024, son cœur s'est arrêté de battre et sa guitare esseulée restera désormais sans écho.
S''il y a des personnalités dont la mort nous trouve empathiques ou désolés (mais on se dit que l'heure était peut-être venue et qu'ils avaient bien vécu), d'autres nous laissent le plus souvent indifférents, voire même pour certains pas fâchés de les voir partir...
La mort de Sylvain Luc, elle, nous cabosse. Abasourdis, abattus, incrédules et presque en colère.
On sent bien que quelqu'un, quelque chose vont manquer à l'ouverture au monde, à la découverte du beau, à l'exaltation et à la joie du partage. Un blanc, une absence, un silence à présent au lieu de la floraison permanente, raffinée et inventive de sa guitare.
Petit début d'automne frisquet, vent du Nord qui refroidit les cœurs, il nous fallait bien un bout de soleil, un tremblement des Caraïbes pour réchauffer l'atmosphère et les âmes.
Ce fut chose faite avec ce concert de clôture du FAB (Festival international des Arts de Bordeaux métropole), où les familles, enfants en tête, les amateurs du dimanche, les occasionnels de la balade en ville et les passionnés de jazz libre se sont pressés avec joie.
Sur scène une brindille de femme, chevelure en étendard et violon en bandoulière, en pantalon fuchsia, claquant sous les lumières, aussi scintillante que sa musique.
Une énergie de tous les diables et de l'électricité dans les doigts.
Avec Yilian Cañizares, deux percussionnistes, excusez du peu, un bassiste forcené, un pianiste délicat ou fracassant selon les moments, entremêlent les rythmes cubains aux tempos brésiliens, s'envolent dans des plages d'impro et nous emmènent dans une danse syncopée, vivante et terriblement contagieuse.
Le froid s'évanouit instantanément.
Documentaire diffusé lors du Festival Jazz 2023 au Ciné Jim de Marciac
« Une poule sur un piano ou Duke Ellington à Goutelas-en-Forez » (1h30)
Réalisation : Laurent Lukic 2019 © Colombe Production
Kolinga est une belle aventure musicale, de celles que l'on est heureux de rencontrer parce qu'elles vous rendent meilleur, plus ouvert et plus dense.
Il paraît qu'en lingala, l’une des langues du Congo, Kolinga signifie aimer. Si l’on ajoute un accent sur le «i » cela signifie encercler, boucler, lier.
Et c'est vraiment le ressenti : une grande générosité aimante qui peut délier pleins de douleurs sous-jacentes. Avec une énergie collective et une joie permanente.
Vous aimez Juliette Armanet, Zao de Sagazan, ou Clara Lucciani ? Allez hop passez votre chemin, cette Charlotte-là n'est pas pour vous !
Voici une chanteuse, une vraie, une qui mérite qu'on s'y arrête, qui a des choses à dire et la manière de les faire passer.
Car cette damoiselle a tout d'une grande et en particulier la qualité de voix.
Sa tessiture vocale étendue, remarquable, sensible, à l'aise dans les montées, d'une clarté à faire pâlir plus d'un, nous laisse pantois. (Il faut dire qu'elle a fait des études lyriques, ceci explique cela).
Rajoutez des talents d'interprète que l'on ressent dès le premier morceau, une musicalité qui semble spontanée (mais qui ne doit pas l'être) qui lui permet de passer d'un univers à un autre, une grande générosité envers le public, une multiplicité des esthétiques et un réel talent d'écriture. Ça fait beaucoup de qualités... on s'en réjouit, et elle nous en réjouit.
Le répertoire du Charlotte Planchou quartet est traversé par des influences multiples, des standards de jazz, en passant par ses propres compositions, des ritournelles occitanes aux grands textes mis en musique par Léo Ferré. Un éclectisme cohérent.