A Jazz360, Pierre de Bethmann, nous le connaissons bien et nous aimons la façon dont son piano nous envoûte parce que nous l’avons reçu en 2014 au sein du Baptiste Herbin Quartet et en 2015 dans le Thomas Savy Quintet. Il était donc logique qu’il fête avec nous les 10 ans de Jazz360.
Nous retrouvons Pierre de Bethmann à son piano certes, mais tout autre qu’en 2015 car entouré du Medium Ensemble 3 constitué d’une section d’instruments à vents, des solistes hors-pairs : Stéphane Guillaume, Sylvain Beuf, David El-Malek, Thomas Savy, Sylvain Gontard, Denis Leloup, auxquels s’ajoutent le posé de la contrebasse de Simon Tailleu, les envolées du vibraphone joué par David Patrois, et le rythme subtil de Karl Jannuska à la batterie. Notons le changement dans l'instrumentarium entre le Medium Ensemble 1 et 2 et celui que nous accueillons en juin avec la réduction de dix à douze musiciens et le passage de la voix (Chloé Cailleton dans le ME2) au vibraphone de David Patrois, absent dans les deux premiers volumes.
Mais qui sont ces musiciens hors pairs ?
Pierre de Bethmann, piano. Il s’est formé au piano classique dès son plus jeune âge, ce qui l’amène ensuite à explorer les différentes esthétiques offertes par le jazz puis à se former au Berklee College of Music de Boston. Il lance le projet ILIUM à partir de 2002 à partir d’un important travail d'écriture musicale improvisée et enregistre six albums parus sous le label Aléa dans des configurations instrumentales variables, allant du 4tet au 7tet, dont trois enregistrés avec le Medium Ensemble. « Le travail du leader-pianiste-compositeur doit être salué pour sa forte personnalité, immédiatement reconnaissable, bien que très à l’écoute de ses solistes » écrivait Jazz-news en février 2019. C’est ce dialogue tout en finesse qui étonne à l’écoute de Todhe Todhe qui sera joué le 7 juin, entre un bouquet de cuivres butiné par le vibraphone et un piano solo mais princeps, dialogue ponctué par la contrebasse et la batterie. Tous ces musiciens-là s’écoutent, s’ajustent, se réfléchissent, et s’enrichissent car chacun résonne d’une tonalité particulière.
Sylvain Beuf, saxophone alto : Saxophoniste hors pair et compositeur prolixe maintes fois récompensé, Sylvain Beuf promène sa parfaite maîtrise de formations en formations (il a joué avec les meilleurs du jazz européen actuel) et de récompenses en récompenses (Victoire de la musique, 2 Djangos d'Or, Talent Midem).
Sylvain Gontard, trompette, bugle : Engagé dans de multiples projets, son ouverture artistique en fait un musicien complet et original. Sylvain Gontard a accompagné de nombreuses stars du jazz : Wynton Marsalis, Kenny Wheeler, Dee Dee Bridgewater, Paolo Fresu, Eddy Louiss, Manu Dibango, Rhoda Scott, Archie Shepp, pour n’en citer que quelques-uns.
Stéphane Guillaume, sax ténor et flûte : Après de nombreuses années comme sideman, notamment aux côtés de Patrice Caratini, Claude Nougaro, Didier Lockwood, Peter Erskine, Vince Mendoza… Stéphane Guillaume réalise quatre albums sous son nom et se voit offrir le prestigieux prix Django Reinhardt récompensant le meilleur artiste de jazz français, ainsi que le prix pour le meilleur album de jazz français pour Windmills Chronicles. Saxophoniste excellent, c’est aussi un des meilleurs à la flûte comme le montre le titre Todhe Todhe du Medium Ensemble volume 3.
Karl Jannuska, batterie : Karl Jannuska est un musicien aussi prisé du jazz (Stéphane Belmondo, Brad Mehldau, Christophe Panzanni, Pierre Perchaud …) que de la song music (albums Midseason Rise, On the Brighter Side…). S’il poursuit sur la voie d’une musique chantée et mélodique, dans le Medium Ensemble il renoue avec la structure jazz tout en gardant la souplesse et la variété de son jeu.
Denis Leloup, trombone : Musicien et compositeur très apprécié, on ne compte plus les formations célèbres auxquelles Denis Leloup a participé dont le S.O.S Quintet, le Francis Lockwood Quartet ou encore le Hervé Sellin Sextet. Il a également accompagné la grande chanteuse de jazz Dee Dee Bridgewater. En 2002, il forme un duo avec Zool Fleischer, avec lequel il enregistre l’album Zooloup qui obtiendra un coup de cœur de l’Académie Charles Cros. Musicien éclectique, il investit la musique ancienne, en 2012, avec Le Jazz et la Pavane des Sacqueboutiers de Toulouse.
David El Malek, sax ténor : Après avoir participé en 2007 à l’enregistrement de pas moins de six albums, David El Malek s’inscrit dans une longue exploration de ses propres inspirations culturelles au cœur des musiques judéo-arabo-espagnoles avec le projet Music from Source qu’il déroule depuis 2008. Pour notre part, nous ne pouvons oublier le somptueux concert pour Saxophone & Ensemble de Cordes donné avec Radio France en 2013 (album Interpolation).
David Patrois, vibraphone : Dans ce troisième opus, le Medium Ensemble est augmenté d’un exceptionnel vibraphone. Si Jack Dejohnette a dit de lui qu’il est le meilleur improvisateur au vibraphone aujourd’hui, ce doit être vrai, et nous avons hâte de l’écouter. Après avoir étudié avec Gary Burton à la Berklee School of Music aux Etats Unis, David Patrois collectionne les prix et on le voit régulièrement aux côtés des plus grands : Aldo Romano, Bojan Z, Glenn Ferris, Bernard Lubat, Louis Sclavis, pour n’en citer que quelques-uns.
Thomas Savy et sa clarinette basse, nous les connaissons aussi. Reçu à Jazz360 en 2015 avec son quintet Archipel fort des Victoires du Jazz 2014, il rassemblait déjà deux des musiciens que nous retrouvons aussi vendredi 7 juin, Pierre de Bethmann et Karl Jannuska. Ce fut un immense moment. « Son jeu transperce son instrument et dévoile son âme » lisait-on sur Action jazz de juillet 2015.
Simon Tailleu, contrebasse : Contrebassiste choisi par Youn Sun Nah pour sa tournée française, Simon Tailleu est l'un des plus talentueux jeunes contrebassistes de la scène jazz en France. Biréli Lagrène, Michel Portal, Stéphane Belmondo, Mike Stern, Yaron Herman, Paul Lay, Didier Lockwood, l’ont apprécié tant pour ses qualités techniques que sa sensibilité́ musicale, son sens de l'harmonie et de l'improvisation.
A propos du Medium Ensemble :
Une écriture complexe, des couleurs orchestrales audacieuses et éclatantes, de superbes mélodies et de riches harmonies permettent aux solistes inspirés d’improviser soutenus par une section rythmique renversante d’efficacité et d’inventivité. « Todhe Todhe », une réussite saisissante d’énergie et d’audace. (latins-de-jazz.pdf, 15 janvier 2019).
« Je suis attaché à l’histoire de cette musique qui s’est construite à l’aune de solistes à forte personnalité. Avec leur capacité d’émouvoir ils sont la meilleure façon de faire jaillir l’inattendu dans une écriture planifiée. » Interview Télérama du 13 février 2019.
Annick Ventoso-y-Font, Francis Henry. Jazz360.
Écrire commentaire