Les P'tiZZamis de Jazz360
Ce vendredi 12 mai 2023, salle Bellevue de Cambes (elle porte bien son nom... ah le beau vertige perché sur la Garonne, surtout par temps d'orage !), se tenait le concert de présentation de la 14ème saison du Festival Jazz360.
Après l'exposition du déroulé du Festival (www.jazz360.fr) et un charmant vin d'honneur, chacune et chacun était amené.e à découvrir ou redécouvrir le trio Atrisma pour une heure et demie de Jazz comme on l'aime.
Car ce trio-là n'était pas choisi au hasard. Il représente toute la philosophie, l'armature, la pensée qui anime l'association : promouvoir un jazz savant mais accessible, novateur et évolutif, collaborer à faire éclore des jeunes pousses, mais aussi soutenir la recherche et les avancées musicales et à découvrir des branches ramifiées et denses.
Atrisma, c’est un trio de jazz progressif qui s’est formé en 2014 à l’initiative de Vincent Vilnet [piano et claviers] avec Hugo Raducanu [batterie, percussions] et Johary Rakotondramasy [guitare]. Les compositions sont celles de Vincent mais nous verrons que rien n’est si simple, d’autant que l’improvisation est indéfectible d’un jeu musical à la fois envoutant et surprenant, sachant créer des ambiances particulières à chaque concert.
Depuis 2019, le trio s’est produit sur différentes scènes emblématiques en France (Sunset-Sunside à Paris, Rocher de Palmer de Cenon, Andernos Jazz Festival, Festival Éclats D'Email à Limoges…) et à l’étranger (Shanghai, Jazzaldia Festival à San Sebastian, Institut Français de Zaragoza…).
Il y a des artistes dont l'univers n'est pas facile à apprivoiser.
Il nous faut de la concentration pour partager un projet intellectuel plus que sensuel, pour entrer dans une atmosphère.
Parfois on passe à côté, faute de lien, parfois c'est un dévoilement lent qui se mérite.
Et puis il y a des artistes avec lesquels la complicité est immédiate et fulgurante.
C'est le cas de Marion Rampal.
Que voilà donc une idée intéressante et un peu folle...
Réunir quatre pianistes de jazz pour un concert. Cela fait rêver. Huit mains, quarante doigts, quatre têtes, quatre expériences ; des possibilités énormes, un son énorme également.
Mais est-ce si évident que cela de jouer à quatre ? Et que craindre d'un tel attelage ?
Un concours d'ego, une avalanches de notes et d'impros, un exercice de démonstration ? Trop de tout peut-être ?
Autre écueil possible, une retenue totale pour ne pas « déranger » les autres qui amènerait un propos un peu mièvre, un peu standardisé et sans beaucoup d'intérêt. Trop de rien en somme...
Mais lorsque l'on connaît ces quatre pianistes, leurs habitudes de partager la scène avec de nombreux musiciens, leurs envies renouvelées d'échanges, leur ouverture à tous les styles et leurs
qualités respectives (quatre Victoires du Jazz quand même !), on est vite rassurés. Tous sont des leaders d'une part, d'excellents accompagnateurs d'autres part et des aventuriers tous terrains.
Merci aux Anges, merci à eux.
Merci à tous les anges, anges gardiens, voire anges déchus ou exterminateurs, anges oubliés aussi pour avoir inspiré à Sylvain Rifflet ce travail si personnel et si abouti. Ils ont veillé sur lui à leur manière, parfois sans le savoir et continuent à le faire.
Tous ces anges sont ceux qui ont eu un impact sur sa musique, des influences multiples qu'elles soient musicales ou littéraires. Et ils sont nombreux, ces gardiens éveillés : Stan Getz, Abbey Lincoln, Moondog et tous les autres... Ils sont là, habitent les lieux, occupent l'espace sonore, fantômes légers et bienveillants.
Depuis plus de dix ans, nous suivons les créations de Sylvain Rifflet avec avidité. "Mechanics" puis "Troubadours" ont enchanté nos oreilles et nos neurones. On y a plongé sans retenue. Sa vision globale est toujours soutenue par une vraie pensée, une vraie réflexion sur la musique en général et la sienne en particulier. On sait qu'il puise volontiers, en le renouvelant toujours dans les musiques répétitives et minimalistes pour développer une écriture mélangeant habillement l’improvisation, la rupture et la transe. Il n'y dérogera pas cette fois-ci encore mais en y posant une pâte singulière, personnelle sans doute plus intime.
Il y a un petit bruit qui court, le Charley Rose trio serait un groupe à surveiller de près, à pister , à tenir au coin de l’œil. Un renouvellement montant du jazz contemporain moderne. Une jeune garde pleine d'idées. Ah, ah... ça intrigue.
L'Astrada de Marciac nous offre cette après midi l'occasion de constater par nous même et de humer
cet air du temps rafraîchi.