TIKEN JAH FAKOLI

La deuxième partie avec Tiken Ja Fakoli s'annonce tout aussi forte. Avec sa farouche volonté de continuer à éveiller les consciences et à transmettre des messages à travers ses textes émancipateurs, l’incroyable chanteur ivoirien est, on le sait bien, une bombe sans retardement ! !

 

Il va largement le prouver, pour notre plus grand plaisir.

Avec lui pas de fioritures, d'atmosphères pesantes et de sous-entendus légers. Le tenant du reggae roots panafricain s'éclate dans des prestations scéniques tonitruantes, avec une capacité à mobiliser des milliers de spectateurs. La rébellion rastafari a depuis longtemps trouvé en lui son plus efficace émissaire !

 

C'est du puissant, du syncopé, du joyeux, de l'insolent. Qu'avec vigueur, tant de choses sont dites et dans de vérités envoyées direct dans les dents ! !

Tiken Jah Fakoly rêvait de déployer depuis des années une grande tournée avec un projet acoustique. Voilà qui est fait. Entouré de musiciens épatants jouant des instruments traditionnels d’Afrique de l’Ouest, en complément d’un ensemble piano, basse et batterie, percussions et de deux chanteuses, l’artiste revisite 25 ans de carrière en interprétant ses plus grands titres, Marciac est une de ses nombreuses étapes .

 

Avec une arrivée sur scène impressionnante en grand sorcier vêtu d'un ample manteau coloré, il entame le concert par l'incontournable et populaire « Africain à Paris » et ça y est la salle est captée dans l'instant et chante déjà.

 

« Il faut sensibiliser la jeunesse africaine, les Africains en général, leur dire que personne ne viendra changer ce continent à notre place » dit-il.

Et il jette dans la bataille, sa puissante voix, son énergie débordante qui arpente la grande scène, ses musiciens rompus aux rythmes, aux battles, un sens affirmé de la mélodie, du raccourci, de l'efficace.

C'est à la fois subtil et direct. Chaque note, chaque parole résonne comme un appel à la fierté, une mélodie d’espoir et de révolte, portée par la chaleur de ses rythmes envoûtants.

Les chansons de Tiken Ja Fakoli traitent de sujets politiques, largement tournés vers le continent africain mais pas que...

 

Les conséquences sur les individus et la vie quotidienne sont nombreuses et dénoncées avec « Plus rien ne m’étonne », « Ouvrez les frontières », « Le balayeur balayé », « La guerre », « Laissez le peuple libre », « Le prix du paradis ». Des sujets plus tendres avec « Alumayer » ou plus terre à terre avec « Djourou » (le salaire non payé).

 

La plupart des paroles sont en français et n'épargnent personne, surtout pas le colonialisme, d'autres sont en mandingue et à, plusieurs voix. Mais les rythmes reggae soutiennent le tout, incitent à la danse. Le chapiteau de Marciac est debout depuis un grand moment, les spectateurs ont envahi le bord de scène pour les rappels où les tambours, les tama, et les danses emportent chacun et chacune.

Si sa performance est une invitation à rêver d’un monde meilleur, à danser sur les vagues de la liberté et à vibrer au rythme de l’Afrique et du reggae, c'est parfaitement réussi.

 

Comment avec ces deux artistes que sont Salif Keita et Tiken Jah Fakoli, se nourrir à la fois de musique et de rêves mais aussi d'énergie et de révolte pensée ! Chaude et profonde soirée.