Les P'tiZZamis de Jazz360
Voici donc NUBU, acronyme de Nahash Urban Brass Unit, lauréat Jazz Migration 2024.
"Attention" m'avait-t-on dit... "Groupe atypique..."
Au premier regard rien de bien différent pourtant : une section rythmique classique (contrebasse et batterie) une chanteuse blonde (ah le cliché) et deux soufflants...
Atypique vous avez dit, bof, je ne vois pas...
Mais en y regardant de plus prêt, la batterie n'a pas vraiment de grosse caisse mais un gros tambour debout, un tom fait de peau simple et une caisse en bois qui sonne...
« Maîtrise parfaite de l’instrument, un son puissant et précis, une approche harmonique élégante, bien enracinée dans la tradition du jazz et pourtant résolument moderne, un phrasé exubérant et racé, posé sur le groove avec une précision d’orfèvre… Ce garçon a tout du jeune lion », voilà les mots de Giovanni Mirabassi, directeur du label Jazz Eleven. On fait pire comme compliment..
Et il faut dire que Mark Priore et son piano impressionnent. Il présente ce soir son album Initio accompagné de deux beaux instrumentistes Juan Villarroel à la contrebasse et Élie Martin-Charrière à la batterie, tous les deux parfaitement à l'écoute, qui vont offrir un écrin complice et dense à ses compositions.
On suit Airelle Besson depuis plusieurs années : timide débutante sur le bis de Marciac ou leader dans "Radio One" sous le chapiteau, en quartet avec "Try", ou prix d'interprétation à Jazz à la Défense, elle s'épanouit dans de multiples collaborations. On la sait capable du meilleur avec une trompette limpide, puissante ou délicate mais aussi (mauvaise humeur ou circonstance) de prestations un peu bâclées parfois, dont j'ai gardé un souvenir mitigé.
Aujourd'hui rien de tout cela. C'est à du tout bon, à de l'excellent auquel nous aurons affaire.
Cet album que va décliner le trio composé de Sébastian Sternal au piano et synthé et de Jonas Burgwinkel à la batterie s'intitule « Surprise » d'après une des ses compositions et s'en est une de surprise, belle et bonne. C'est vibrant, chantant, étonnant, imprégné d'une touchante poésie maniant avec réussite l'art du contre-pied et du décalage.
Grégory Privat est un artiste que l'on connaît bien depuis quelques années déjà. Sideman de talent, il sait se glisser sans encombres dans le style de celui ou de celle qu'il accompagne mais en y insufflant une patte reconnaissable, une couleur bien à lui. On sait qu'il est là, à travers son énergie, une inspiration renouvelée, de l'élan, de la densité et de la profondeur. Personne ne s'y est trompé d'ailleurs et les récompenses se sont accumulées, la dernière en date étant le Prix Django Reinhardt de l'Académie du Jazz en 2024.
Il faut dire qu'il est tombé dans la musique comme Obélix dans la marmite de potion magique, dès l'enfance. Son père, José Privat, étant compositeur et pianiste du groupe martiniquais Malavoi, cela génère des bases solides et lumineuses et une inspiration créole qui fait partie de ses fibres, de sa musique intérieure.
L'album qu'il présente aujourd'hui se nomme "Phoenix", comme l'oiseau qui renaît toujours de ses cendres. Et même si c'est un oiseau flamboyant et magnifique à l'image de sa musique, voilà un titre pas tout à fait approprié. Car Grégory Privat ne renaît pas de ses cendres, il n'est pas cendres à aucun moment. Je dirai plutôt qu'il s'expose, se dévoile, accepte ses complexités avec ou sans pudeur de violette, cela dépend des morceaux. C'est davantage une fleur qui s'ouvre, se découvre sur une intimité, pistils de caraïbes, efflorescences de jazz, volutes électroniques de liseron, facettes colorées, douceurs bouclées de pourpre, souvenirs mordorés de l'ailleurs quel qu'il soit.